Lectrice assidue du site du bearded fou et maintenant de Solidarité Bearded, je voulais témoigner d’une adoption réussie et enfin donner des nouvelles.
Il y a bientôt deux ans, je contactais le du site bearded fou car j’avais trouvé un vieux bearded dans un refuge et j’étais dépassée par la situation, voici notre histoire.
Notre post sur le site du bearded fou s’intitulait : Mâle 10 ans et doit dater d’octobre 2006.
Après des années de réflexion, je m’étais décidée à reprendre une chienne, je souhaitais une griffonne beige... Ce samedi d’automne, tandis que je roulais en direction du refuge, une pensée saugrenue, venue d’on ne sait où, me traverse la tête : “s’il y a un bearded, je le prends”, cette alternative étant fort improbable, je ne prenais aucun de risque à imaginer cela.
En arrivant au refuge, parmi les 40 chiens répartis dans les box, incroyable, il y en a un !
On me le présente comme étant un mâle de dix ans, sourd et avec de l’arthrose. Il est couché, immobile et regarde loin devant lui. Il vient de passer 15 jours en fourrière.
S’entend-il avec les chats ? Voila le bearded au milieu de la chatterie, les minous l’encerclent, il ne bouge pas. Petite promenade, l’animal est très faible, il pèse 18 kilos.
Le petit message chamanique qui m’a précédemment traversé le cerveau, résonne en moi, je ne peux que tenter quelque chose pour ce chien ; en plus on me le laisse à l’essai avant l’adoption définitive.
Je le fait monter dans ma camionnette, en route, je m’arrête acheter des croquettes spéciales senior, nous arrivons à la maison, il vomit : peut être d’émotion !
Les débuts furent très difficiles, tout d’abord durant un mois, je passais tout mon temps libre chez le vétérinaire : problèmes de peau, grosse otite, luxation de la patte arrière, pour laquelle j’ai choisi de ne pas intervenir car entre temps, le refuge ayant reçu la carte d’immatriculation de Lloyd, j’apprenais qu’il avait douze ans et cette chirurgie me paraissait trop lourde pour son âge d’autant que ce problème ne semblait pas le gêner. Personne ne percevait la boîterie. Il marchait sur 3,75 pattes.
Le plus pénible était qu’il chouinait tout le temps, car il voulait se pro-me-ner pourtant j’ai un très grand jardin. Les seuls moments où il ne pleurait pas, étaient lorsque que je le sortais. A cette époque, en plus de mon travail, je devais le sortir trois heures par jour, pour le calmer. La grande promenade du dimanche que je faisais avec ma précédente chienne, je me suis retrouvée à la faire trois fois dans la même journée. J’avais carrément des contractures dans les jambes. Nous rentrions à la maison et il recommençait à pleurer. J’ai cru devenir folle, il me semblait qu’il ne se faisait pas à la nouvelle vie que je lui proposais, parfois exaspérée, je brandissais une baguette pour le faire taire et là c’était pire que tout, avant même que mon bras ne s’abatte, il s’asseyait en me tournant le dos, l’échine voutée, la tête basse avec l’air de me dire : “ tu veux me frapper, et bien va y ! Cogne, j’encaisserai les coups. Toi, tu seras soulagée et moi je ne me rebellerai même pas. A cette vue, mon bras devenait tout mou, je lachais la baguette et... nous partions bouder, chacun dans notre coin. Fin du round.
Car Lloyd a ce grand talent de désamorcer les situations conflictuelles, je l’ai ainsi vu à l’oeuvre avec des chiens très agressifs.
A part cela, il marchait assez mal en laisse, divaguant devant moi, la tête collée au sol, j’ai très vite adopté le halti pour lui faire lever la tête et la longe pour le contrôler à distance. Il n’explorait jamais le jardin, ce chien est resté comme grogui durant des semaines, il était sans réaction, la première fois où je l’ai vu exprimer du plaisir, était au cours d’une balade, à un moment sa nuque est devenue tellement brûlante que j’ai cru qu’il faisait un malaise.
Après plusieurs mois, je comprenais ses émotions en écoutant son souffle ou ses différents rythmes d’halètements. A part le moral, il avait une bonne pêche physique : sauter, courir, dévaler et voler les deux derniers chocolats de Noël sur la table.
Progrès numéro 1 : février 2007.
Une amie me confie sa chienne durant une semaine, une beauceronne très bien éduquée. Cela a était pour Lloyd comme un décodage de la communication entre humain et chien, sans doute aussi que la chienne a libéré quelques phéromones apaisantes et lui a fait comprendre que la pension était des plus correctes.
A cette époque, j’avais renoncé à parler à lloyd, je faisais des gestes, de mimiques, mais j’étais assez convaincue de sa surdité. Lorsqu’au cours d’une promenade avec les deux chiens, après une traversée de route, alors que je félicitais la chienne par un “c’est bien, Malice”, qu’est ce que je vois ? Lloyd qui retourne un peu son museau vers moi, j’appuie par un “c’est bien, Lloyd, c’est bien, les chiens”. A partir de cet instant, j’ai compris qu’il n’était pas si sourd que ça et j’ai rétabli un contact verbal, qui ne fait que s’enrichir de jours en jours.
Son éleveuse que j’avais contacté après avoir reçu la carte d’immatriculation, et à qui j’avais fait part du problème m’avait dit : il ne faut pas confondre être sourd et faire la sourde oreille.
Progrès numéro 2 : juin 2007, le toilettage.
Lloyd sentait toujours mauvais, j’avais beau le laver, 48 heures plus tard, à nouveau, il dégageait une odeur forte. Lloyd ne supportait pas qu’on l’effleure, il s’était gentiment laissé soigner son otite, mais il ne se laissait pas toucher les flancs. Rendez-vous chez l’esthétichienne, je mets mes boucles d’oreilles et mon collier assorti pour avoir l’air chic, à 9 heures du matin, je laisse un balai espagnol nauséabond, à 16 heures, je récupère un chiot géant, le poil brillant, qui sent bon le cèdre et le vétiver. A partir de ce moment, s’en fut terminé des mauvaises odeurs, dorénavant, il peut rester plusieurs semaines sans shampoing.
Puis, peu à peu, centimètres par centimètres, mois après mois, il s’est laissé toucher de plus en plus, maintenant j’ai le droit de le papouiller et même de lui faire de grands massages, ça le fait bien rigoler. Il n’y a que la queue très sensible qui paraît fracturée en plusieurs endroits que je n’ai absolument pas le droit de toucher, sous peine de grognement et de fuite..
ouais je sais, j'suis beauLa coupe rock'nd rollProgrès numéro 3 : Aout 2007, nos vacances au camping.
3 semaines de camping, la belle vie dehors, beaucoup d’activités, de trajets en voiture. Il fallait le voir passer la nuit couché sur le dos, calé dans l’espace laissé entre le matelas et le rebord de la toile de tente, la tête posée sur la fermeture éclair. Bien sur, j’ai dormi la longe au poignet durant ces vacances car le pépère est assez adepte de la fugue, mais au retour des vacances : miracle ! j’avais un rappel.
j'essaie mon retardateur, j'suis pas au pointPrêt pour le départDepuis, il n’a pas arrêté de progresser. A présent, il répond à divers ordres, par ici, attends, va jouer, non, il comprend tout, bref un chien normal. Durant les promenades que j’ai ramené à deux heures par jour, il se retourne pour me regarder, ( il me regarde, je le regarde, on se regarde, l’amour en somme). Il aura quatorze ans au mois de mars.
Il a mis un an pour retrouver un poids de forme de 26 kilos.
Malheureusement, il a pris de l’arthrose sur une patte avant, sans doute celle avec laquelle il compense le plus la luxation de la patte arrière. A présent, il boîte pas mal ; lui, l’increvable, s’essouffle plus vite. 2 pattes sur quatre valides.
Juillet 2008 : une tumeur anale, le véto propose la castration, car soit disant ce genre de tumeur peut revenir...les opérations se sont bien passées.
Ce que j’apprécie le plus, chez Llyod, c’est sa gentillesse, pas du tout agressif, un vrai coeur. Sa grande passion sont les autres chiens, il adore être en meute. Je suis également très impressionnée par son intuition et son sens de l’observation. Malgré son grand âge, tout le monde le trouve très beau. C’est surtout un chien très courageux. Un sphynx qui renaît de ses cendres.
Je suis très fière d’avoir sorti un vieux chien d’un refuge mais aussi très fière d’avoir un bearded collie magnifique. A son contact j’ai appris la persévérance et la patience et surtout la vraie douceur.
Maintenant, par ce témoignage, je tiens à renouveler mes remerciements, à tous ceux et celles qui spontanément, sans me connaître se sont proposés de m’aider financiérement pour l’opération de la luxation de sa patte arrière et pour tous vos élans de soutien, à l’époque, pas si simple de l’adoption.
Vive Lloyd ! vive le site du beardefou et Solidarité Bearded.
Chut bébé dort ! (sur le lit de maman)